~ STORY ~
Histoire : le soleil darde ses derniers rayons dans le ciel clair. La chaleur a été insupportable. Une journée de plus à transpirer. Quand cela va-t-il cesser ?
Nous sommes en plein été 1640. La moisson vient de se finir, et inquiet, le seigneur regarde les champs et la récolte. Il est effondré devant les dégâts causés par les nombreux orages de cet été. Comment va-t-il faire pour nourrir tous ses gens ? Cette année est une véritable catastrophe, une de plus. L’année dernière déjà il avait eu des problèmes.
Les vendanges viennent de se terminer enfin. Le vin va être bon cette année mais comment va-t-il pouvoir faire ? il y en a si peu. Oh bien sur il est de qualité cette année, en raison des grosses chaleurs de cet été, mais la quantité n’est pas là. Il ne sait comment tout cela va se terminer. Jean de la Roseraie part rejoindre sa femme, restée dans ses appartements, elle va bientôt lui donner un descendant. Ce n’est pas vraiment le moment mais cela ne se commande pas et le destin en a décidé ainsi. Il monte les escaliers quatre à quatre et entends les cris de Jeanne. Il sait ce que cela signifie. Sa femme accouche.
Je suis née à 23heures. Que de temps passé pour sortir d’où j’étais. J’étais si bien ! je me suis mise à hurler quand je suis arrivée dans ce nouveau monde. J’ai entendu des cris accompagnant les miens. Je me sentais toute poisseuse. J’avais du sang partout. Mais pourquoi tout le monde courrait ainsi autour de moi ? Je suis arrivée et je vais bien, alors ?
Je n’ai jamais revu ma maman, je fus emmenée dans une chambre. je ne comprenais pas ce qu’il se passait autour de moi. J’appris plus tard que je ne serais pas comme les autres petites filles et que je n’aurais pas de maman. Ma maman était partie au ciel en me mettant au monde. La vilaine m’avait laissé tomber comme cela. Heureusement que mon papa s’occupait bien de moi. Et il y avait aussi Solange, ma nounou. Elle a remplacé ma maman. Maman pourquoi m’as-tu laissée toute seule ? j’aurais tant voulu te connaître.
Je grandis, j’ai à présent 10 ans. Solange s’occupe toujours de moi, mais j’avoue que parfois je me cache pour lui échapper et je file. Je cours dans la campagne avec mon ami Nicolas. Nous nous amusons comme des petits fous. Je lui raconte tout et lui il en fait autant. Il a un an de plus que moi et il est si beau.
Cette année je fête mes 17 ans. Papa m’inquiète, je ne sais pas ce qu’il a mais il me parait bizarre en ce moment. J’ai l’impression qu’il a des soucis mais à chaque fois que je lui demande il change de conversation. Il va falloir que je cherche la raison de tout ce mystère. Nicolas est toujours avec moi. Nous allons toujours nous promener ensemble mais j’ai l’impression que lui aussi me cache quelque chose et je ne sais pas quoi non plus. Mais qu’ont donc tous ces hommes ?
Quelques mois ont passés depuis. Je ne savais pas ce qu’avait mon père mais il m’a enfin révélé la vérité. Je ne peux pas le croire ! Comment peut il me faire cela ? il m’a avoué aujourd’hui qu’il ne voulait que mon bonheur et qu’il m’avait trouvé un mari. Je suis trop jeune pour me marier ! Il veut me séparer de Nicolas. Il dit que je suis trop avec lui et surtout qu’il est indigne de mon rang. Que je suis une fille de Comte et que je dois respecter notre famille. Nous avons eu une terrible dispute pour la première fois.
Je suis allée rejoindre Nicolas chez lui et je lui ai tout raconté. Il m’a avoué qu’il connaissait tout cela, que tout le monde était au courant que le Seigneur voulait marier sa fille avec un Comte d’une région voisine. Il a essayé de me consoler mais rien n’y a fait. Je n’ai pas compris ce qu’il nous arrivait mais nous nous sommes embrassés. Je me suis enfuie juste après, mais à présent je me sens bizarre, quand je pense à ce qu’il s’est passé entre nous.
J’ai 18 ans aujourd’hui. Papa a invité mon futur époux. Il devait arriver hier mais nous avons été prévenu du terrible sort qu’il a subi. Son carrosse a été attaqué et les brigands l’ont tué après l’avoir dépouillé de tous ce qu’il avait sur lui. Je me demande si je suis normale car cela ne m’a rien fait. Au contraire, je suis contente. Je n’ai plus besoin de me marier. J’ai couru pour l’annoncer à Nicolas. Il m’a regardé étrangement quand je lui annoncé la bonne nouvelle et n’a rien dit. Il a continué de me regarder de ses beaux yeux noisettes, il avait le sourire aux lèvres. Son visage rayonnait comme s’il avait eu un poids au dessus de sa tête qui venait de lui être oté. Nicolas comme tu étais beau. Il s’est penché vers moi et nos lèvres se sont unies une nouvelle fois mais je n’ai pas fuit. Non, je voulais rester avec lui. Il m’a fait découvrir ce que voulait dire être une femme. J’ai passé la nuit dans ses bras et j’en suis encore toute retournée. C’était merveilleux. Je l’aime.
Papa m’attendait quand je suis rentrée au petit jour. Il m’a demandé ou j’avais passé la nuit. Je lui ai dit que j’étais chez Nicolas pour le rassurer, mais il m’a donné une gifle. Il m’a traité de petite sotte. Que j’avais fait une terrible erreur que je paierais. Il m’a annoncé aussi que je n’allais pas pouvoir rester ici. Il m’a tout révélé aujourd’hui . Cela fait des années qu’il essaie de garder à flot le château mais les récoltes sont tellement mauvaises qu’il ne peut plus arriver à payer nos gens. Le mari qu’il m’avait trouvé était la roue de secours précieuse qui aurait pu nous sauver tous, mais à présent tout est fichu.
Hier j’étais dans les bras de Nicolas, aujourd’hui je pars vers un lieu inconnu. Papa m’a dit qu’il était obligé de faire cela. Un ami a demandé à mon père de m’avoir chez lui, pour s’occuper de son domaine. En échange il s’engageait à éponger toutes les dettes de Papa. La Roseraie va donc être sauvée.
Je suis sur la route d’un endroit que je ne connais pas. Je ne sais pas ce qui m’attend en ces terres. C’était le seul moyen de sauver Papa. Il voulait aussi m’éloigner de Nicolas. Je m’en rends compte à présent. Que vais-je faire dans cet endroit inconnu ? Je dois attendre cet homme sur une plage ? Que c’est bizarre tout cela !
Je suis arrivée sur cette mystérieuse plage après avoir embarqué sur un bateau. Les heures me parurent interminables mais enfin j'arrivai à destination. Ma surprise fut grande lorsqu'on me saisit et me fit revêtir des vêtements (si on peut appeler ça ainsi d'un corset) digne d'une catin. Le mot était lancé, mais c'était vraiment cela ce qui allait m'arriver. Je fis la connaissance de celui qui s'était proposé d'aider mon père mais je déchantais vite devant la triste réalité. Celui ci était un homme riche, qui avait croisé mon père et qui rêvait depuis des années d'avoir une esclave noble à son service. En fait je du m'adapter tant bien que mal à subir toutes les humiliations qu'il m'infligea. Il me réduisit à l'état de souffre douleur. Je ne pus jamais me rebiffer contre lui car à chaque fois que je tentais quelque chose il me frappait lourdement. Oh bien sur il était malin : il le faisait à des endroits qui ne se voyaient pas mais qui était particulièrement douloureux. Ma fierté en prit un coup et je du me résoudre à la ravaler pour survivre. Il me privait de manger quand ce n'était pas suffisant et que j'étais "méchante" comme il le disait. Je n'étais pour lui qu'une chienne d'aristocrate à mater et humilier.
Je vécus ainsi des années. J'avais un curieux sentiment vis à vis de lui. On parle à présent du syndrome de Stockholm mais à l'époque cela n'existait pas, mais il semblerait que je souffrais néanmoins de cette maladie, car comment appelait cela autrement ? Il avait fait de moi une chienne mais il n'était rien de moins qu'un chien lui même. Comment peut on traiter des humains si on ne l'est pas soi même ? Les années qui passèrent auprès de lui changèrent lentement son comportement vis à vis de moi. J'acceptais de faire tout ce qu'il me disait, en refreinant ma fierté, aussi petit à petit il cessa de me manifester un intérêt de maitre. Il continuait de m'exhiber bien sur, dans le plus simple appareil devant ses amis. Ceux ci avaient le droit de jouer avec moi et je dus continuer de subir les pires humiliations qui devaient exister, ou du moins le pensais je. Et pourtant ! Parfois il était gentil avec moi, c'était dans ses moments là que j'étais peut être la plus heureuse. J'avais tellement soif d'affection depuis que j'étais seule en ces lieux. Mon père me manquait mais aussi Nicolas, mon premier amour. A présent je savais que je ne partirais plus jamais d'ici et je devais m'adapter.
Je m’étais familiarisée à ma vie, si on pouvait appeler cela ainsi, les jours se succédaient et je m’ennuyais. Je me sentais dépérir lentement. Certes j’avais de quoi m’occuper car j’étais considérée comme une soubrette la plupart du temps mais cela n’avait rien d’enrichissant pour moi. J’avais une soif de connaissance qui restait au stade d’ébauche. Quand je le pouvais je m’aventurais vers la grande bibliothèque de la propriété et je me mettais à lire. J’avais fait connaissance d’un jeune homme lors d’une soirée libertine. Jean de la Fontaine, tel était son nom, m’avait donné envie de le lire et j’avais été plutôt surprise de voir ce qu’il écrivait. J’avais une idée toute autre du personnage qu’il pouvait être après les soirées ou il m’avait montré autre chose que sa passion pour les animaux.
J’avais atteint les 30 ans. Je ne le savais pas encore mais ça allait être le tournant de ma vie. La sœur d’Alexandre était arrivée depuis peu. Je ne comprenais pas pourquoi mais je trouvais qu’il était nerveux depuis qu’elle était là. Je ne savais pas ce qui l’inquiétait et je n’avais pas cherché non plus à le savoir. Il faisait nuit et c’était la pleine lune. Je ne sais pourquoi mais déjà je n’arrivais pas à dormir ces soirs là. Je descendis donc dans la cuisine pour me chercher du lait lorsque j’entendis derrière moi un grognement. Je n’eu même pas le temps de me retourner que je sentis une morsure sur mon épaule dénudée. La douleur fut telle que je perdis connaissance et m’affalais dans la cuisine sans plus savoir ce qu’il se passait autour de moi. j’aurais été consciente, j’aurais découvert un combat entre deux êtres féroces que je n’aurais pas reconnu au premier abord.
J’aurais pu voir l’affrontement du frère et de la sœur sous une forme inconnue, mais il n’en fut rien. Quand je me réveillais la douleur était telle que je cru à nouveau que j’allais tomber dans les pommes. J’étais seule dans le lit d’Alexandre. J’avais de la fièvre et je me sentais nauséeuse. Je m’effondrais à nouveau pour que lorsque je m’éveillais enfin ce fut pour trouver Alexandre à mon chevet. Je ne réalisais pas tout de suite mais je découvris des marques de griffures sur ses joues, ses mains, ses bras.
"Il est temps qu’on parle Shalimar. Ce n’est pas ce que je voulais pour toi mais le destin en a décidé autrement. Je me suis pris d’affection pour toi mais je ne peux plus te garder auprès de moi à présent. Tu vas devoir partir d’ici et le plus tôt sera le mieux. Tu vas découvrir à la prochaine pleine lune que tu n’es plus la même et que petit à petit tu vas te transformer. Ma sœur t’a transmis le gêne du lycan félin. "La suite de la conversation me parut trouble et je l’ai oublié depuis mais je sais qu’à partir de ce moment là ma vie a totalement changé. Je fis mes bagages avec son aide. Il me donna de l’argent, une lettre de recommandation et me fit partir dans son carrosse vers Paris ou ses environs. Je découvris Versailles, un petit château que le roi de France avait fait construire et que l’actuel allait faire connaître du monde entier par ses fastes. Introduite dans la cour royale, je fus remarquée par le Roi Soleil en personne. Ma beauté avait éveillé ses instincts de mâle qui refusait de se voir rejeter. Je songeais à Alexandre, et le schéma se reproduisit : je fus sous la domination de cet homme au charisme indéniable jusqu’à ce que je me décide à me prendre en main totalement. Je m’apercevais que je devenais quelqu’un d’autre, que mon caractère devenait plus dur et je m’apitoyais moins sur mon sort. Je découvris lentement les pouvoirs de la lune sur mon métabolisme. Je parcourais la campagne la nuit et je m’attaquais à ceux qui avaient le malheur de trainer. Je n’arrivais pas à me contrôler et ma folie meurtrière m’entrainait toujours plus loin et d’une manière de plus en plus sauvage. Les disparitions commençaient à susciter des commérages mais cela ne m’intéressait pas. Je me sentais forte à présent et non plus la frêle créature que j’avais été depuis toujours. Je me rendis compte d’une chose étrange : j’avais beau me regarder tous les jours dans le miroir mais jamais je ne trouvais une ride strier mon visage, jamais la moindre marque de la vie qui passait. Je le voyais sur le visage des autres mais jamais sur le mien. Que c’était étrange ! Je découvrais que le temps s’était arrêté pour moi le jour où j’avais été mordue.
Je découvris néanmoins un grave inconvénient à cet état : si je ne vieillissais plus, cela provoquait des questions auprès de mon entourage. Je décidais donc de partir à nouveau mais cette fois ci de mon propre chef. Jacques Dyel Duparquet avait vendu à la France une petite île dont tout le monde parlait. Elle me paraissait être un petit paradis et le climat avait l’air plus que sympathique aussi me décidais je à partir avec mes bagages vers la Martinique. La traversée fut longue mais cela valait les désagréments. Je restais quelques années dans ce pays enchanteur. J’essayais de freiner mes instincts félins mais il y avait des nuits ou cela m’était impossible. Je devenais une solitaire par la force des choses. Et l’argent dans tout cela me direz vous ? Alexandre m’en avait donné beaucoup. Louis XIV m’avait offert des parures en diamants, rubis etc et j’avais pu les vendre à des prix prohibitifs. Je n’avais donc aucun problème de ce coté là.
Les démons me reprirent et je me mis en route pour la Louisiane. Nous étions en 1682 et cette nouvelle colonie française faisait le bonheur de bien des Français. Je ne fis pas exception et je m’installais avec joie sur ce nouveau continent. J’appris vite la langue et je me remis à la lecture. J’étudiais beaucoup tout ce que je trouvais. Il fallait que je m’instruise. Il fallait que je sache comment était le monde, ce qui le faisait tourner et de quelle manière je pourrais profiter de mon immortalité pour faire de grandes choses.
Bloquée à 30 ans, dans la fleur de l’âge pour une femme, j’avais tous les avantages pour moi et pourtant au début je n’en profitais pas. J’avais encore les séquelles en moi de mon long séjour dans ma prison dorée.
Je m’adaptais à ma nouvelle vie et ce nouveau continent. Durant quelques années il n’y eu aucun fait marquant dans celle-ci. J’étudiais, méditais, j’apprenais, après tout j’avais tout mon temps à présent.
En 1718 je déménageais et je partais pour la Nouvelle Orléans, j’étais attirée par cette nouvelle ville, beaucoup de Français y élisaient domicile et on avait l’impression d’être encore chez soi davantage. Je restais dans cette ville longtemps . J’aimais ce qu’elle était devenue, elle avait pris une telle ampleur qu’elle était devenue la capitale quelques années plus tard et je profitais de tout ce qu’il m’était proposé. La nourriture y était abondante bien entendu mais j’évitais de trop me faire remarquer, surtout quand la pleine lune pointait le bout de son nez.